3ème Dimanche de Pâques
"Suis-moi"
Jésus apparaît une troisième fois aux disciples. Et cette fois, remarquons-le, Thomas est bien présent à côté de Pierre et des autres disciples. Mais ce n’est pas la folle ambiance, Jean note un certain désarroi, une certaine appréhension des disciples : « Ils n’osaient pas lui demander : Qui es-tu ? ». Ils sont bien au chaud autour du feu, le jour va bientôt se lever, la question leur brûle les lèvres. Mais ils n’osent pas.
C’est pourquoi Jésus prend l’initiative. Mais non comme on pourrait s’y attendre ; il ne répond pas à la question, il pose une question à Pierre. Il l’appelle par son nom et lui demande « Simon fils de Jean, m’aimes-tu ? ». On change de registre. Ce n’est plus Pierre qui doute de l’identité de Jésus, de sa résurrection, c’est Pierre qui doute de lui-même. « Pierre qui es-tu ? » « Qu’est-ce qu’il y a au fond de ton cœur ? ».
Ce que nous découvrons à travers le récit de cette apparition du Christ ressuscité, c’est que la rencontre de Jésus n’est pas d’abord une réponse à nos attentes, à nos doutes, à nos expériences, mais c’est d’abord une question. Rencontrer le ressuscité, c’est rencontrer notre propre misère, notre propre lâcheté ; c’est faire l’expérience, parfois jusqu’aux larmes, de notre incapacité à aimer vraiment , à aimer jusqu’au bout.
Pour les disciples il ne s’agit plus tant de croire en Jésus, mais plutôt de répondre à nouveau et sans restriction à cette invitation de Jésus : « Suis-moi » qui termine le beau dialogue avec Pierre. Et il en est de même pour nous. Pour un chrétien ce n’est plus tant de sa foi qui est mise en question, c’est de sa manière de vivre : à chacun de nous Jésus demande : « m’aimes-tu ? ».
Nous sommes invités à vivre, comme Pierre, comme les premiers disciples ce complet retournement. Désormais pour nous les croyants « vivre c’est le Christ ». Notre problème ce n’est pas de prouver l’existence de Dieu, mais d’en vivre et d’en vivre jusqu'à donner notre propre vie pour lui. C’est ce que nous ont rappelé les Actes de Apôtres : « Sortant du grand conseil, ils repartaient tous joyeux d’avoir été jugé dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus ».
Dans notre monde hyper médiatique, les flots de paroles et d’images n’ont plus d’impact. Ce qui peut toucher les hommes et les femmes de notre temps, ce ne sont pas toutes les paroles savantes ou émouvantes que nous apporterions. C’est dans la mesure où nous nous laisserons toucher par les demandes de Jésus : « M’aimes-tu ? » que notre vie deviendra parabole, signe du Royaume, c’est dans la mesure de notre adhésion, de notre configuration au Christ que nous deviendrons l’Eglise.
AMEN.
Homélie du Père Jean-Pierre POTELLE - 3ème Dimanche de Pâques - Ac 5, 27-41; Ap 5, 11-14; Jn 21, 1-19