"Si tu le veux, tu peux me purifier"
6ème dimanche du Temps Ordinaire
Lv 13, 1-2 ; 45-46 / Co 10, 31 ; 11 1 / Mc 1, 40-45
Dimanche 11 février 2018 - Père JP POTELLE
Dans l’Ecriture, la Bible, toutes les maladies, infirmités ont un sens spirituel. La cécité, être aveugle, est considéré comme un aveuglement devant la vérité ; « tu es aveugle parce que tu n’as pas voulu croire en Dieu » ; Tu es sourd parce que tu n’as pas voulu écouter la Parole de Dieu etc...
Mais dans ces maladies ou infirmités, la lèpre tient une place à part. Parce qu’elle est contagieuse, elle exige l’isolement. Parce qu’elle comporte des tumeurs et autres plaies purulentes, elle est perçue comme impureté et elle prend une signification religieuse, toujours dans la Bible.
Cette maladie ne concerne pas le médecin mais le prêtre ; celui qui en réchappe n’est pas dit « guéri » mais « purifié ». La première lecture tirée du Lévitique résume tout cela.
La lèpre est un des symboles de la déchéance humaine, de l’homme « jeté dehors ». Hors du peuple de Dieu et même de l’humanité parce que pécheur, c’est-à-dire nuisible. Un exclu.
Le lépreux représente donc le mal qui affecte l’homme. Pensons à Adam chassé du paradis, et à la longue marche du peuple choisi par Dieu pour retrouver la terre primitivement donnée à l’homme, la terre promise (Genèse 1et Exode).
Déchéance et rédemption, péché et salut, voilà le thème central qui parcourt tout le récit biblique.
Nous pouvons en conclure que cette marche de l’humanité entière est aussi celle de notre aventure personnelle. Tout ce qui est dans l’Ecriture nous concerne. C’est une illusion de penser que nous n’avons pas besoin d’être réhabilités, « pardonnés » comme le dit le langage religieux. Ou en d’autres termes nous avons besoin d’être recréés, réintégrés. Dans une grande mesure la guérison du lépreux nous raconte et nous dévoile notre histoire personnelle. Il y a toujours en nous quelque chose qui demande à être « purifié ».
Mais cela ne doit pas nous déprimer, nous désespérer d’arriver un jour à la sainteté : en effet, l’Evangile nous annonce que le Christ veut nous libérer de tout ce qui nous détruit et nous exclut.
Il ne nous est pas demandé d’opérer nous-mêmes cette guérison, cette purification, il suffit de la désirer vraiment, comme l’a fait le lépreux à genoux devant le Christ ; il suffit de désirer vraiment cette guérison et de l’accueillir. Voilà une Bonne Nouvelle.
Voilà donc le lépreux aux genoux de Jésus. Et là, la loi est bafouée ; cette loi qui interdit aux gens malades d’approcher les gens en bonne santé
Deuxième manquement à la loi ; Jésus touche le lépreux. Le voici à son tour « devenu impur ». La pitié de Dieu, sa bonté, sa compassion, le conduit à venir épouser notre condition et contracter notre maladie.
Remarquons que le récit se termine en signalant que Jésus doit se tenir désormais « loin des lieux habités » comme le lépreux qui lui doit habiter « à l’écart, hors du camp » comme nous avons pu le lire dans la première lecture.
De même Jésus sera crucifié hors de la ville, « retranché de la terre des vivants ». Paul insistera sur cet abaissement du Christ jusqu’à son assimilation à l’homme pécheur. L’union de Dieu et de l’humanité n’aurait pas été totale si le Christ n’avait pas été jusque-là, jusqu’à prendre sur lui la condition du malfaiteur.
Ne nous étonnons pas si nous voyons autour de nous des gens qui haussent les épaules quand ils entendent parler du Christ : un Dieu crucifié cela n’est pas acceptable, cela dépasse la compréhension humaine. Pourtant, « pour nous c’est juste » comme dit le malfaiteur crucifié à côté de Jésus. Et il n’est pas seulement crucifié avec nous, pour nous, mais à notre place.
Et pourtant nous voici maintenant invités à le suivre jusque-là. Invités, car c’est librement que nous avons à le rejoindre. Tout ce que la vie nous donne à supporter, perte d'un être cher, trahison, chagrin, misère morale ou matérielle, mais surtout un gros défaut de caractère que nous n'arrivons pas à éradiquer, voire un vice connu de nous seuls (l'écharde dont nous parle St Paul), voilà ce que nous pouvons joindre à la « lèpre » du Christ. C’est là le seul chemin vers la Vie.
D’après un commentaire du P. Marcel DOMERGUR, s.j.