Mercredi des Cendres
Homélie du mercredi des Cendres
Avec des mots très symboliques, le Livre de Joël (notre 1ère lecture) commence par nous décrire une catastrophe qui s’abat sur le peuple d’Israël :
« Un peuple attaque mon pays, il est puissant et innombrable ». (Jl 1, 6)
Quel est ce peuple puissant et innombrable ; ce sont les nuages de sauterelles qui dévastent les cultures : « Ses dents, des dents de lion, il a des mâchoires de lionne. Il fait de ma vigne un désert, mes figuiers il les réduit en pièces, il les pèle, il les jette à terre » (Jl 1, 7)
« Les champs sont dévastés, les terres en deuil » (Jl 1, 10)
Alors le prophète appelle la communauté à prendre le chemin de la pénitence. Car pour les hommes de la Bible, le désastre économique, sécheresse plus sauterelles, était la preuve de leur péché. Chacun, quel que soit son âge ou sa fonction ; les anciens, les petits enfants et les nourrissons, les jeunes mariés, les prêtres et ministres du Seigneur. Tous sont appelés à se convertir. Se convertir c’est d’abord prendre conscience de son péché. C’est important. Dieu n’aime pas trop les hypocrites qui disent : « moi je n’ai pas de péché ».
Reconnaître que nous sommes pécheurs, oui ! Mais l’essentiel c’est d’abord de reconnaître que le cœur de Dieu est tout prêt à pardonner. Il est notre Dieu, ce Père sur le pas de sa porte, le regard tourné vers l’horizon où il espère voir venir son fils prodigue, vers l’horizon où il espère nous voir venir. Le prophète Joël nous l’a dit magnifiquement : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements et revenez au Seigneur votre Dieu, car Il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour (Jl 2, 13)
Durant ce Carême, il nous faut entreprendre un triple effort :
Prendre conscience de son péché et lutter contre notre péché. L’Eglise nous propose le jeûne et l’abstinence pour nous aider à nous éloigner de nos désirs de nourriture et des plaisirs divers pour nous tourner vers Dieu. Mais rappelons-nous qu’à l’heure actuelle le poisson vaut plus cher que la viande. Aussi je vous propose d’autres jeûne ou d’autres abstinences. Nous pouvons faire le jeûne de juger les autres. Et au contraire découvrir le Christ qui vit en eux. Nous pouvons faire abstinence de paroles blessantes, et au contraire se remplir des mots qui guérissent. Nous pouvons faire le jeûne de se donner trop d’importance et au contraire se remplir de compassion pour les autres. Chacun, chacune d’entre nous, le prêtre, le diacre, le mari, l’épouse, l’enfant de la catéchèse ; chacun, chacune peut trouver facilement un jeûne, une abstinence qui sera agréable à Dieu.
Deuxième effort de Carême : se tourner vers Dieu pour le reconnaître comme notre Père, un Père dont l’amour est à la fois miséricordieux et exigeant. Alors le Carême doit être l’occasion de raviver, de vivifier notre prière quotidienne ; fini le rabâchage, mais une prière qui soit un véritable cœur à cœur avec notre Papa du ciel. Et puis ce n’est pas le plus facile, mais non pas le moins important ; lire et méditer la Parole de Dieu, c’est-à-dire les textes du missel pour le temps de Carême.
Et enfin, parce que nos fautes et nos péchés sont un contre témoignage aux yeux des incroyants, il nous faut renverser la vapeur, que notre communauté montre l’exemple d’une vie chrétienne enracinée dans la charité authentique, que ce dont on se prive serve aux plus démunis, et que nous soyons attentifs à la misère physique ou morale des plus pauvres, que nous soyons vraiment avec eux pour les aider à s’en sortir. Se reconnaître pécheurs, tomber dans les bras de Dieu, être avec nos frères les plus pauvres, c’est ce triple effort qui est la vrai conversion.
La conversion qui est de tous les jours, mais que l’Eglise nous demande d’accentuer dès aujourd’hui pour que notre chemin vers Pâques soit grand ouvert.
Père Jean-Pierre POTELLE - Mercredi 13 février 2013 - Saint Etienne de Punaauia